InfoLettre Février 2024

image-12501569-Art_of_jackie_traverse-d3d94.jpg


​​​​​​​Voix de guérisseurs autochtones
Passages tirés d’une étude menée par la FADG Fondation autochtone de guérison

« En thérapie occidentale, on dit que le tambour et le chant scandé émanent du libre cours de neurones, spécialement des endorphines. En thérapie traditionnelle, ils servent à transmettre les pouvoirs de guérison des esprits, ce qui a été appliqué depuis des temps immémoriaux. »

« Si des gens peuvent ressentir la vibration d’un son et comprendre que le son a une sensation (une âme), ils se donnent la permission d’exprimer leurs sentiments en chanson. Traditionnellement, la musique exerce un rôle particulièrement significatif dans des cérémonies de guérison et ce rôle continue à être reconnu aujourd’hui. Tout processus de composition de musique est source de guérison à la fois pour les auditeurs et les musiciens. On sait depuis longtemps dans notre culture que le tambour et les chants traditionnels ont pour effet visé d’être guérisseurs. Ils permettent aux clients de ressentir un sentiment d’appartenance/d’identité. Ces chants sont souvent des moyens de réorienter l’énergie ; d’entourer les clients de culture ; de leur permettre de pleurer parfois ; d’apporter de la joie aux autres. La pratique du tambour traditionnel est une voie très puissante menant à la guérison (…)et favorise l’établissement de liens solides avec l’esprit et aux enseignements liés à la fabrication et à l’art du tambour. »

Fred Kelly, un Aîné anishinaabe, a écrit que la connaissance des symboles sacrés est transmise dans « la langue, le chant, le symbolisme visuel, la communication mentale et la pratique de la spiritualité qui ne sépare pas le sacré et le profane dans la vie de tous les jours ». Cette réflexion fait ressortir la différence importante entre les approches occidentales et autochtones des activités créatives et de la guérison.

Phoebe Dufrene, art-thérapeute powhatan spécialisée en activités créatives, reconnaît des similitudes entre la thérapie par l’art et le recours à l’art dans le contexte de la guérison traditionnelle, mais elle fait valoir que la thérapie par l’art est essentiellement profane, alors que dans les sociétés traditionnelles, on ne sépare pas les arts et les pratiques spirituelles. Elle fait référence au pouvoir se dégageant de symboles culturels et spirituels, notamment de la roue de médecine ou cercle d’influence, de l’aigle, de la pleine lune, du hibou, du cercle et du croissant de lune : « Les guérisseurs traditionnels ou shamans puisent dans un vaste corpus de symboles transmis depuis des siècles. Ces images sont conservées dans la mémoire des guérisseurs traditionnels et passent de génération en génération. Les mythes, prières, chansons, psalmodies, peintures de sable, musique, etc., sont mises à contribution pour ramener la personne symboliquement à la source d’énergie tribale. » Les symboles et les métaphores sont des caractéristiques centrales dans les récits et les enseignements des Aînés. ​​​​​​​

image-12501551-Women_drum_Jackie_traverse-45c48.w640.png

​​​​​​​Janice Kahehti:io Longboat, du clan des tortues de la nation Mohawk, aînée guérisseuse et herboriste traditionnelle, sur le Territoire des Six Nations de la rivière Grand, Ontario:
« Dans mon enfance, j’ai passé beaucoup de temps avec la mère de ma mère, ma grand-mère, et elles m’ont vraiment bien préparée à faire ce travail. J’étais toujours assise et j’écoutais les vieilles personnes. Je n’ai jamais bu, ni fumé, de toute ma vie parce que j’ai écouté ce que les aînés disaient. Je me suis dit, « c’est le type de femme que je veux être ». 
Au centre de santé Anishanaabe, j’ai travaillé comme guérisseuse traditionnelle. Beaucoup de gens sont allés au pensionnat. En psychologie, on parle de l’abandon et beaucoup de gens se sont sentis abandonnés, indépendamment du fait que leurs parents les avaient placés volontairement au pensionnat ou qu’ils avaient été forcés de le faire. (...) C’est une des émotions à laquelle nous devons nous attaquer de façon générale. Nous avons dû rétablir un sentiment d’appartenance à la famille, à l’art, à nos ressources créatives. L’appartenance, se sentir bien à sa place, est un besoin essentiel pour l’humain. Les femmes ne s’étaient même pas aperçues qu’elles ressentaient ce sentiment de perte d’identité, de peu d’importance aux yeux des autres. Quand j’ai commencé à leur offrir des activités créatives, les femmes ont dit, « C’est qui je suis. C’est ce que j’attendais, d’avoir le sentiment profond de mon identité. »
« Notre langue était orale, non écrite, et également la culture était orale. Notre culture est fondée sur ce que nous appelons la littéracie symbolique, signifiant les symboles utilisés qui ont trait à la vie, à ce que nous voyons, ressentons, entendons, goûtons et touchons, de même que ce que nous savons par intuition et par télépathie — nous possédions un don inné de communiquer spirituellement.
Notre culture au complet comme Autochtones repose sur des symboles : les arts; le maïs, les haricots et la courge; la pleine lune; le hochet; le tambour; les plumes d’aigle… Nous entrons en contact par la langue orale pour se faire une vie. Il y a tellement de profondeur à cela, je ne peux même pas l’expliquer. La langue est le chaînon manquant et il faut donc y revenir, la reconquérir. »

Thais Sewell, guérisseuse, Vancouver, Colombie-Britannique« Je viens d’une lignée de guérisseuses : ma mère, ma soeur et ma nièce sont des guérisseuses. J’ai été élevée avec les remèdes de ma mère. Sa mère aussi était guérisseuse et tout me donne à penser que ce don remonte à plusieurs générations. J’ai grandi en étant familière avec les plantes médicinales dès mon jeune âge, de même qu’avec les pratiques de guérison par l’imposition des mains. Enfant, je voulais guérir les animaux en leur imposant les mains. J’ai grandi de cette façon. Au début des années 1990, j’ai commencé à oeuvrer dans le domaine de la guérison, mais j’ai bien compris que je devais suivre de la formation ; je me suis aussi aperçue que les connaissances apprises dans mon enfance, en grande partie, étaient celles que j’acquérais en formation. (...) En 1999, j’ai commencé à recevoir des chansons de guérison et maintenant j’ai recours à ces chansons quand je fais des activités traditionnelles avec les gens ; j’intègre aussi d’autres connaissances que j’ai acquises au cours des années. Je trouve que les interventions en guérison traditionnelle sont très aidantes pour les Survivants des pensionnats. Si des gens ont vécu des traumatismes, particulièrement dans leur enfance, il peut y avoir fragmentation de l’esprit ou de l’âme ; le fait d’intervenir par des activités de guérison traditionnelles peut très efficacement aider à rétablir l’équilibre. Il arrive parfois que des personnes ont l’impression de ne pas avancer dans leur processus de guérison parce que les composantes du corps qu’elles essaient de guérir ne sont pas unifiées. Si l’esprit n’est pas complètement en harmonie avec le corps, il y a absence de fondement ; beaucoup d’autres dimensions entrent en jeu.

image-12501572-Song_of_the_Butterfly_Jackie_Traverse-9bf31.w640.png


La méthode de guérison traditionnelle que je pratique consiste à intégrer le chant comme partie essentielle du processus de guérison. J’ai toujours fait la pratique du tambour à main dans les cercles et dans la nature. Je me suis servie du chant, du hochet et du tambour pour aider les gens dans leur cheminement de guérison. Dans tous les cas de recherche de guérison, et particulièrement dans la démarche de rétablissement liée au traumatisme avec les personnes de premières nations, le caractère musical des chansons traditionnelles et le rythme des tambours et des hochets aident grandement à faire sortir le traumatisme du corps. Je trouve que les méthodes de guérison traditionnelles sont plus efficaces pour libérer le traumatisme que d’autres méthodes plutôt axées sur la parole et faisant appel à la pensée. Le traumatisme est refoulé dans le corps; le fait de chanter et d’utiliser le tambour, le rythme que cela crée, permet aux gens de prendre conscience de leur corps et de ressentir où se loge le traumatisme et, souvent, en quoi il consiste. (...) 
​​​​​​​Si des gens écoutent des rythmes traditionnels et commencent à danser, le mouvement s’amorce à l’intérieur d’eux et permet de dégager les blocages et de libérer l’énergie qui commence à circuler dans le corps. La plupart du temps les gens expriment les mots informulés par des formes d’art culturelles ou par la thérapie par l’art. Ces activités nous relient à une partie de nous-même restée enfouie et cachée, mais encore bien vivante dans notre sang et nos os. S’il y a un éveil, les gens commencent à se rappeler qui ils sont. J’ai vu cela à maintes reprises et je l’ai moi-même vécu dans mon cheminement de guérison.

Tout dans la culture des Premières nations était spirituelle et créative et avait un but précis — des paniers, même si on s’en servait pour seulement ramasser des roches, étaient merveilleusement bien tressés ; les peaux tannées servaient à confectionner des vêtements décorés de coquillages. Tout ce qu’on portait et utilisait dans les activités de la vie quotidienne était beau, il y avait une symbolique, un but et un fondement spirituel. Voilà ce que sont les Premières nations, de la beauté. (...) Le fait de s’inspirer de la culture des gens comme instrument/méthode de guérison soutient grandement le rétablissement de la complétude. Les guérisseurs, les hommes et femmes médecine, les chefs, les aînés et les femmes, ils avaient tous des groupes structurés ayant de solides valeurs familiales fondées sur la créativité et les croyances spirituelles. Les femmes se rassemblaient en cercles pour coudre et tisser et c’est là qu’elles se parlaient. S’il y avait un problème, elles s’entraidaient. C’est logique, c’est comme cela qu’on guérit. J’ai vu beaucoup plus de démarches de guérison fructueuses de cette façon que dans le cas où des gens appliquent des méthodes conventionnelles. »

« Grâce à la culture, nous enseignons aux femmes que le tambour est le battement de coeur de Mère Terre et de la Maternité. Il est question du pouvoir des femmes partout autour de nous. Les femmes sont les seules à avoir le pouvoir de donner la vie et c’est pourquoi nous appelons cette terre, Mère Terre, et savons que la terre redonne la vie aux gens. Tout est interrelié. Nous recevons tout ce dont nous avons besoin pour notre survie de la Mère Terre. Le tambour nous rappelle de la traiter avec respect parce que le tambour a le pouvoir spirituel féminin. Le tambour est le battement de coeur, le battement de coeur de notre Mère, le battement de coeur de la terre et le battement de coeur de notre culture. »
Carla Johnson, artiste, conseillère, éducatrice. Prince Albert, Saskatchewan. 

Source : collection recherche, publications de la Fondation autochtone de guérison, Ottowa, Ontario
Illustrations de l'artiste: ©Jackie Traverse, Anishinaabe, de Winnipeg, Manitoba, Canada 


Tambours peints de notre artisan Ahtna Athapascan  clic photo >>

Tambours Lakota Oglala "Cancega Nagi"  clic photo >>

Haisla Kwakwaka’waku « Moon Drum » zákʷelisela crescent moon   clic photo >>

Brûleurs à sauge Lakota "Spirit Guide" 
sculptés à la main dans la pierre à pipe de catlinite rouge   
clic photo >>​​​​​​​

 Nouvel arrivage de guimbardes ! Vargans - Khomus - Temir Khomus  clic photo >>​​​​​​​

image-12507995-Prayer_to_the_earthkeepers_Shirley_Flowers_netnews-8f14e.w640.png


Au plaisir de vous accueillir à Lausanne et sur notre site! 
​Caŋte etaŋ wopila taŋka uŋnic'upi lakota Un grand Merci de tout notre coeur!

Sandrine  Catherine 

🪶 

🦅☀️ Nos horaires d'ouverture ☀️🦅

du Mardi au Vendredi: 10h30 à 13h00 et 14h30 à 18h
prochain Samedi:  2 Mars de 10h30 à 14h00

🪶​​​​​

HOZHO Visions  Tambours, Sons & Artisanat des Peuples autochtones
Rue Pré-du-Marché 4
CH-1004 Lausanne VD
T 021 691 02 87